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Je l’aimais

Paris est sans doute le premier amour de ma vie. Je sais bien que c’est ultra cliché de dire ça, mais c’est pourtant la stricte vérité. J’ai toujours eu une relation très particulière avec Paris, comme si elle avait bercé chaque étape de ma vie…

Enfant, mes grands-mères me racontaient avec magie leur arrivée dans cette grande ville et leur nouvelle vie coincée entre Pigalle et la butte Montmartre. Je me souviens de mes premières découvertes de la ville, de ces balades dans les quartiers tantôt populaires et tantôt chics, en fonction du « côté » maternel ou paternel avec lequel je passais le week-end. J’aimais trainer place des Abbesses et découvrir le marché St Pierre avec ma mémé couturière ; j’adorais monter sur le dos d’un âne au parc Monceau et faire les boutiques avec ma mamie du 16ème. Je pense souvent à ces moments avec nostalgie, sans doute parce que mes grands-mères étaient encore près de moi mais aussi parce que ce sont les premiers moments que j’ai passés avec Paris. Dans mes yeux d’enfant, Paris était alors belle, agréable, incroyable. Je ne voyais pas encore la saleté de ses rues, le dédain de ses passants, la cruauté de certains de ses quartiers, l’enfer de sa circulation, l’hostilité de ses vieux immeubles et le manque d’amabilité de ses commerçants… Les débuts d’une histoire d’amour sont souvent angéliques, c’est bien connu.

Quand j’ai eu 14 ans, mes parents ont déménagé en province. C’est ainsi que j’ai vécu mon premier chagrin d’amour. Quitter cette ville où je pouvais me fondre dans la masse était un vrai déchirement, surtout pour l’ado rebelle que j’étais. Bien que Rouen soit une ville superbe, j’étouffais dans ce petit centre-ville étroit, là où tout le monde se connait et où il n’y a pas grand chose à faire. Alors presque tous les week-ends, comme une droguée, j’aillais chercher ma dose et je prenais le train pour retrouver mon chez moi, mon Paris. Chez mes grands-parents, chez mes oncles et tantes, chez mes amis, chez n’importe qui tant que je pouvais arpenter ses rues pendant quelques heures.

Ces aller-retours ont rythmé mon adolescence, jusqu’à ce que je la retrouve enfin. Il n’y avait qu’elle et moi. A cette époque, je l’ai aimée différemment, à la manière dont on vit quand on a 20 ans. C’était bien. C’était intense. Rien ne comptait vraiment tant qu’on était ensemble. Je la découvrais chaque jour un peu plus, dans ses bons jours comme dans ses côtés plus sombres. La plupart du temps c’était magique, parfois ça l’était un peu moins. Mais je l’aimais malgré tout chaque jour un peu plus…

Et puis un jour, je l’ai quittée. Pire ! Je l’ai trompée. Seuls ceux qui ont vécu ce déchirement pourront me comprendre : je suis partie vivre en banlieue. Au début, ce n’était pas un choix personnel, car je suis partie par amour pour un autre. C’était très dur, un vrai déchirement. Mais il y avait Brigitte, alors ça compensait. Au fur et à mesure des mois, je me suis habituée, plus vite que je ne l’aurais cru d’ailleurs. Et puis je me suis vite consolée avec l’argument qu’ont tous les parisiens fraichement débarqués en banlieue, à savoir un grand appartement contre un minuscule 45m² à Paris. Oui, ça aussi c’est cliché mais croyez-moi, quand on a vécu 10 ans dans un mouchoir de poche, ça fait vite la différence ! D’aucuns diront que si j’avais vraiment Paris dans la peau, je m’accommoderais de ses espaces étriqués et de sa violence de plus en plus présente. Sans doute les gars, sans doute… Mais croyez-le ou non, j’ai toujours Paris dans les tripes.

Tout ça pour te dire que jamais je n’aurais pensé avoir envie de la quitter un jour. Je veux dire la quitter VRAIMENT, de mon plein gré quoi.

Il y a plus de deux ans, j’ai rencontré quelqu’un d’autre. Plus grande, plus dure, plus moche même. Et pourtant, elle m’a subjuguée dès que j’ai foulé ses trottoirs. Lorsque je suis chez elle, je me sens bien, tellement moi-même, si à l’aise que j’ai l’impression qu’on est faites l’une pour l’autre, faites pour vivre ensemble. Quand je la quitte, c’est comme si je laissais une partie de moi là-bas, j’ai mal au cœur, je suis déchirée, il me manque quelque chose. C’est viscéral : pour être bien, j’ai besoin d’être avec elle.

Ça fait 4 mois que j’ai quitté Los Angeles et il n’y a pas un jour sans quand je pense à elle. Elle me manque tous les jours un peu plus. Ce qui est le plus dur avec les histoires passionnelles, c’est qu’on devient irrationnel, on est incapable d’expliquer ce qu’on ressent, ce qui nous fait vibrer. Alors la seule chose que je trouve à dire aujourd’hui, c’est que la cité des anges est mon nouvel amour. Elle a frappé mon cœur et je n’arrive pas à vivre sans elle.

Je sais, c’est débile d’être à ce point épris de cités, de béton et de pots d’échappement, mais c’est ainsi que je fonctionne je crois…

On n’oublie jamais son premier amour, c’est certain. Mais aujourd’hui, c’est définitivement pour L.A. que mon cœur bat !

 

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17 commentaires

  1. Amy
    11 années ago

    Oh non, va falloir changer de nom de domaine ! (comment ça je suis qu’une sale geek ?)
    Joli billet en tout cas. Je ne connais Paris que par les quelques visites que j’y fait, de temps en temps, alors je ne peux certainement pas dire que je l’aime. J’ai ce regard extérieur, et mon impression n’est liée à aucun affect, forcément… En tout cas, j’aimerais visiter LA, le copain m’en parle souvent, lui qui y est allé de nombreuses fois.

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  2. The Trendy Style
    11 années ago

    Très bel article ! En te lisant je me suis reconnu dans bien des choses… Comme toi j’ai longtemps adoré Paris… jusqu’à la fin de mes études en fait… à tel point que quand il m’a fallu déménager 1 ans à Nantes pour mes études je refusais de m’installer dans cette ville de province et faisais l’aller-retour tous les jours par train (eh oui !) puis tous les weekends (car à un moment donné c’est l’épuisement).
    j’étais fière d’être parisienne même quand j’allais à l’étranger !
    Mais depuis quelques années déjà j’ai remarqué que Paris a changé et que c’est devenu invivable : surpeuplée, chère pour y habiter (sauf dans un trou de 12 m2), les transports en commun de plus en plus insupportables, etc…

    Comme toi aussi, j’ai cette envie de bouger pour m’installer ailleurs… j’ai eu un 1er coup de foudre pour N.Y. ! Puis pour la Californie (par nécessairement L.A.)

    Je me dis juste une chose : si on se sent bien dans une ville, il ne faut pas hésiter et foncer ! j’y pense souvent… tous les jours !

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  3. Marie/chroniqueblonde
    11 années ago

    Bon, tu pars t’y installer quand ?

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  4. Tiff
    11 années ago

    Jolie déclaration ;)

    Moi qui suis une insconditionnelle de notre belle capitale, je suis curieuse de découvrir Los Angeles ;)

    http://mabulledepensees.blogspot.fr/

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  5. Faust'in
    11 années ago

    Fonce vivre là bas comme ça j’aurais un toit quand je viendrais dans le coin :-)

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  6. san0707
    11 années ago

    jolie comme; ‘lettre à France’ de Polnareffe

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  7. Galinette
    11 années ago

    Je découvre ton blog via la Une! ;-)
    Et même si je ne suis pas parisienne, ni éprise de ma ville d’origine comme tu semble l’être de Paris, je comprend ton amour pour L.A. !!
    J’ai eu également ce coup de foudre irrationnel lors de mon premier voyage. Et j’y suis retourné une deuxième fois.
    Je suis trop attachée à la France, à mon petit monde ici pour franchir le cap d’aller là bas (et peut être trop agée déjà pour faire ce genre de « folie ». Mais si j’avais découvert L.A. 5 ou 6 ans plus tôt, je pense que j’aurais foncé!
    Et pourtant, on me dit sans cesse que L.A. n’est pas une jolie ville, mais je m’y suis sentie tellement bien, tellement moi! C’est incroyable cette sensation!!
    J’espère que tu aura la chance de pouvoir vivre ton reve!! :)

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  8. louison
    11 années ago

    Comme je comprends ta vibration pour le béton! J’adore! J’étais de mon côté complètement amoureuse de Bordeaux. Puis coup de foudre pour NY. Maintenant que je suis à NY, je crois bien que je suis bigame ;)
    Contente de découvrir ton blog. Vais aller y faire un petit tour.

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  9. Clara
    11 années ago

    Ah la la si tu savais a quel point je me reconnais dans tes propos… je me souviens encore du jour ou j’ai declare apres une semaine sur place que « non, juré, New York, pas pour moi » enfin pas pour y vivre einh.. Et pernicieusement a coup de photos et de ciel bleu, j’en suis tombée raide dingue, pas la premiere, pas la derniere… mais ca serait probablement aussi dur de rompre avec elle qu’avec mon premier amour!
    PS: chouette blog BTW, merci hellocoton!

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  10. very easy kitchen
    11 années ago

    c’est dingue comme on peut craquer pour une ville. J’ai eu la chance de bcp voyager et Shanghai et Buenos Aires sont deux villes pour lesquelles j’ai totalement craqué. J’ai découvert Shanghai il y a 15 ans quand c’était le plus grand chantier du monde et j’ai tout de suite adoré. Maintenant avec cette nouvelle « new-york » bouillonne culturellement c’est top. Buenos Aires c’est Paris et Naples réunis. Dans certains quartiers tu penses être dans le 17ème et quelques centaines de metres plus loin tu es plongée au coeur de l’italie. J’adore; Paris où j’habite depuis longtemps me fait de plus en plus peur : sale, agressive, dure avec les touristes… Les personnes qui n’y sont pas revenues depuis des années, ne reconnaissent plus Paris. Un jour il va falloir partir…

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  11. Frenchimalvi
    11 années ago

    J’ai mis beaucoup de temps à apprécier Paris, en fait non, j’ai mis beaucoup de temps à m’y installer persuadée que je ne l’apprécierais pas, et puis la vie, le travail ont fait que j’y suis venue, j’aime Paris autant que je la déteste je crois. Je n’ai jamais vraiment trouvé l’endroit fait pour moi alors je reste ou plutôt restais, il y a quelques mois, une certitude : je dois quitter cette ville pour une autre plus petite, monotone mais dans laquelle je me sens si bien. Vivement mai 2014 :)

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  12. sosyl
    11 années ago

    Moi aussi j’ai Paris dans les tripes, j’y suis arrivée pour la fin de mes études, alors que j’avais tout fait pour l’éviter !

    Et là, le gros coup de cœur, la chance d’avoir un studio à Saint Michel, le quartier que je n’aurais jamais voulu quitter, mais bon voilà, je ne pouvais ne me payer qu’un 20m²… Alors j’ai quitté le quartier pour acheter un 2 pièces, à Pigalle, car je voulais toujours un quartier qui bouge, mais je n’avais pas les moyens d’aller plus haut sur la butte…
    C’est là que j’ai découvert le Paris que tu décris, sale, bruyant, mal fréquenté. Mes écouteurs étaient mes amis pour ne pas entendre les sifflets et les insultes…
    Alors j’ai quitté le quartier, j’ai acheté un appartement plus grand dans le 15ème, moi la nullipare, je me suis installée dans un quartier familial ! Mais il est tranquille, propre, plein de petits commerces, à 2 pas d’un parc que j’adore. J’ai redécouvert la gentillesse des commerçants, l’amabilité de mes voisins et je suis de nouveau conquise !

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  13. Marjoorye
    11 années ago

    Je me reconnaît dans pas mal de points de ton article, moi je suis une provinciale qui à débarqué à Paris car je rêvé de toute cette agitation, ce monde, ce mélange de tout… j’en suis partie il ya quelques mois pour donner naissance à mon fils dans ma région et depuis mon départ Paris me manque, une vrai manque comme ci c’était une amie. Et pour L.A j’en reve !!!

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  14. Sekh Met
    11 années ago

    Je te comprends tellement bien… moi j’ai eu la même chose avec « Moscou » et pourtant il faut y aller pour aimer cette ville. Mais elle est là, dans les tripes. Alors ton billet, non seulement il est beau mais je l’adore surtout parce que j’arrive tellement bien à te comprendre.

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  15. Anna
    11 années ago

    Amy : c’est tellement bien, tu devrais y aller

    The Trendy Style : c’est le projet qui me fait tenir tous les jours quand le réveil sonne !

    Marie : dès que je peux, tu le sais bien ;)

    Tiff : il le faut absolument !

    Faust’in : oui, c’est en projet, j’espère que ça aboutira. Et bien évidemment, si c’est le cas, ma maison sera tienne

    san0707 : c’est bien ma chanson préféré de ce gus

    Galinette : je l’espère aussi ! Je pense que les personnes qui n’ont pas accroché avec LA n’ont pas suffisamment ouvert leurs yeux ! En tout cas, j’espère te relire par ici ;)

    louison : fais comme chez toi !

    Clara : merci à toi

    very easy kitchen : je rêve tellement de découvrir l’Argentine, tu me donnes encore plus envie

    Frenchimalvi : oui, j’ai cru comprendre ça sur Twitter. Je pense que la taille et l’esprit d’une ville ne pourront pas expliquer à eux-seuls pourquoi on aime y être. Du coup, tu as bien raison d’écouter ton coeur et d’y aller. Je t’envie, j’aimerais que ce soit « si simple » pour moi aussi …

    sosyl : mais ce Paris sale et fréquenté par des gens qui ne sont décidément pas comme moi, je l’aime aussi…

    Marjoorye : voilà, exactement, comme si on avait laissé un être cher derrière nous

    Sekh Met : je ne sais pas si j’aimerais cette ville tiens. Il faudrait que j’aille un jour voir Moscou, je crois que ça me plairait bien

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  16. Olivia
    10 années ago

    Comme je te comprends. Je devais y avivre et puis la vie en a décidé autrement. Aujourd’hui LA me manque mais j’ai surtotu envie de faire le tour des états unis et vérifier si c’est la seule ville magique de ce pays immense

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  17. ceail14
    10 années ago

    J’ai quitté Paris pour Bordeaux pour suivre mon ex-femme, il n’y a pas un jour sans que j’y pense (à Paris, pas à mon ex femme).

    Paris c’est juste dans mes veines, dans mon coeur, je comprends chacun de tes mots.

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